L’appartement de Jean Racine en vente

Une adresse mythique est aujourd’hui proposée à la vente : le 24, rue Visconti, à Saint-Germain-des-Prés. C’est dans cet appartement discret, derrière une porte cochère du Grand Siècle, que Jean Racine vécut ses dernières années avant de s’éteindre en 1699. Un lieu unique, où la littérature classique et l’histoire parisienne se mêlent en silence. D’une surface de 130 m², avec une terrasse arborée de 35 m², ce bien d’exception est mis en vente par l’agence Varenne, au prix de 2 600 000 €.

Organisé de plain-pied, avec une entrée indépendante, l’appartement offre le calme rare de la rue Visconti. Salon, salle à manger et cuisine s’ouvrent sur l’extérieur, tandis que deux grandes chambres avec salles de bains, ainsi qu’un studio indépendant, complètent cet ensemble harmonieux. Mais plus qu’un appartement, c’est une présence que l’on acquiert. Celle de Racine, et à travers lui, d’un pan entier de l’âme française. Ici, chaque moulure semble encore porter l’écho des vers de Phèdre, les tensions de Bérénice, les silences d’Athalie. Un lieu où l’on imagine l’auteur méditer, relire ses tragédies, puis refermer, en 1699, le livre de sa vie. Longtemps, les historiens ont débattu : Racine est-il mort au 13, au 21, ou au 24 ? C’est en 1914 qu’un bibliothécaire découvre un plan de 1696 mentionnant «Mr Racine» au 24, sur une parcelle allant jusqu’à la rue Bonaparte.

Au cœur de Saint-Germain-des-Prés, l’appartement de Jean Racine cherche aujourd’hui un nouveau propriétaire. Plus qu’un bien immobilier, c’est un fragment du XVIIe siècle que l’on acquiert, un lieu où résonne encore l’écho discret des grandes tragédies classiques.

L’historien André Hallays mène alors l’enquête, consulte les archives, identifie les propriétaires successifs – dont Mareschal, chirurgien de Louis XIV, qui louait les lieux à Racine. Conclusion : la maison d’origine a disparu, remplacée par des constructions modernes attenantes au 24. Mais la plaque commémorative posée rue Visconti est, elle, à l’emplacement exact. Depuis la mort de Racine, le lieu est resté un repaire d’artistes. Guy-Bernard Delapierre y donnait des concerts dans les années 1940, Olivier Messiaen y enseigna de 1943 à 1947, Jacques Poirier y installa son atelier, tandis que Denise Colomb et Robert Doisneau y capturèrent l’intimité des lieux. «Ce que nous vendons, ce n’est pas un simple appartement : c’est une part vivante du patrimoine français», résume Julien Meguidech, Directeur de Varenne, agence spécialisée en immobilier de prestige. Restauré dans le respect de son histoire, l’appartement attend aujourd’hui un nouveau souffle – une présence capable d’entendre, entre les murs, le murmure du XVIIe siècle.