La dispersion de la collection de la Malouinière du Bos, demeure du XVIIIe siècle située au bord de la Rance, aux portes de la ville de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), aura lieu le 23 septembre prochain, chez Artcurial, en parallèle de FAB Paris au Grand Palais. Comptant environ 280 lots, cette vente réunit tableaux anciens, sculptures, mobilier et orfèvrerie, qui sauront ravir amateurs et collectionneurs.
Pendant plus de trente ans, les actuels propriétaires ont restauré avec le plus grand goût les intérieurs et les extérieurs de ce joyau malouin, y accumulant les découvertes principalement faites en vente publique. La Malouinière du Bos, construite entre 1715 et 1717, probablement par l’architecte Bullet de Chamblain pour Pierre Le Fer de la Saudre et son épouse, apparentée à la célèbre famille d’armateurs Magon, reprend toutes les caractéristiques des grandes malouinières du XVIIIe siècle : une façade classique avec un bel appareillage en granit de Chausey et une architecture symétrique et majestueuse, animée d’un corps central en léger ressaut. Noble et puissante, elle domine un vaste jardin à la française qui se prolonge vers une boucle de la Rance. Toutes les fonctions d’une malouinière sont intégralement conservées au Bos : un mur d’enceinte complet, une chapelle, de grands communs, un parc dessiné et orné de statues et d’éléments sculptés.
Construites pour les plus grands armateurs malouins ayant établi leur richesse sur le négoce avec l’Orient et les guerres de course, ces demeures de plaisance sont les écrins sévères de majestueux trésors. Jean Bart, Duguay-Trouin, Surcouf font vivre l’imaginaire corsaire où vitesse, ruse et panache l’emportent souvent sur de gros tonnages et de nombreux canons. L’iode, le soleil et le vent font vivre le Bos depuis trois cents ans. Le tonnerre de la poudre est évoqué par un canon de marine du début du XIXe siècle (Estimation : 8 000 – 12 000 €), rapporté d’Extrême-Orient et portant l’inscription Fendre la montagne en caractères chinois ; le choc des abordages et le bruit des fers sont ressuscités par un ensemble d’armes d’abordage et d’apparat, dont le passé mystérieux évoque des îlots solitaires et de merveilleux butins oubliés.
L’esprit malouin, résolument tourné vers le large et la découverte du monde, est évoqué par un ensemble d’objets scientifiques permettant la mesure de l’espace et du temps : une paire de globes anglais du milieu du XIXe siècle formant sphère terrestre et sphère céleste (Estimation : 6 000 – 8 000 €), ou encore un télescope écossais par Thomas Morton de la même époque (Estimation : 5 000 – 8 000 €). Le souvenir des voyages au long cours est suggéré par un ensemble d’assiettes en porcelaine chinoises de la Compagnie des Indes, mais aussi par des images saisissantes comme celle que dresse Eugène Isabey sur sa toile Pendant la tempête en 1849, où l’air saturé d’iode témoigne de la violence déchaînée des éléments (Estimation : 6 000 – 8 000 €). En contre-point, le peintre Arthur David McCormick brosse le portrait en pied d’un marin paisible, lisant à quai une lettre que l’on imagine volontiers galante, avant d’appareiller pour l’Invincible (Estimation : 20 000 – 25 000 €). Exposition publique les 19, 20 et 22 septembre 2025 de 11h à18h. Vente aux enchères : Mardi 23 septembre 2025 à 14h30. Artcurial 7, rondpoint des Champs-Elysées Marcel Dassault – 75008 Paris (www.artcurial.com)