La maison Orne Enchères mettra en vente à l’Hôtel Drouot l’un des premiers sacs offerts par la maison Hermès à Jane Birkin, mis en vente par Gabrielle Crawford, meilleure amie et biographe de l’artiste, pour aider à financer la future Fondation Jane Birkin (estimation : 100 000 – 120 000 €).

Si Jane Birkin avait donné plusieurs de ses sacs au profit de ventes aux enchères caritatives, elle n’avait pas souhaité céder celui qui était probablement son sac préféré. Aussi l’avait-elle confié aux bons soins de sa meilleure amie Gabrielle, celle qu’elle surnommait son «ange Gabrielle». Le sac porte les témoignages de ses engagements à travers les accessoires qui en garnissent les anses. Gabrielle Crawford se souvient que le sac de Jane Birkin «est devenu une sorte d’entrepôt mobile. Des cadeaux du monde entier étaient accrochés aux poignées : clochettes, porte-bonheur japonais… Il pesait une tonne. Mais elle et lui étaient indissociables. Elle ne l’oubliait jamais.»
Depuis leur première rencontre en 1964 à Londres, les deux Anglaises Gabrielle Crawford et Jane Birkin ont vécu entre la France et l’Angleterre, développant une amitié profonde au fil des années. Photographe professionnelle, Gabrielle est devenue celle de Jane et savait se faire l’écho discret de la flamboyante artiste. Elle l’accompagnait en tournée, en concert et sur les tournages, capturant avec délicatesse l’enthousiasme et le grain de folie de son amie. Elle lui avait consacré deux portraits à travers un film documentaire, Je t’aime, Jane, en 2002, et un livre en 2024, C’est Jane, Birkin Jane (Actes Sud). C’est en hommage à cette amitié, à cette aventure trépidante qu’a été leur vie à deux, que Gabrielle a décidé de confier ces souvenirs aux enchères afin de poursuivre les combats philanthropiques de Jane et de créer une fondation en son nom. L’actrice et chanteuse franco-britannique s’est montrée tout au long de sa vie très impliquée dans les causes humanitaires et les œuvres de charité, voyageant à la rencontre des populations meurtries par les catastrophes naturelles (Japon) et les guerres (Kosovo, Gaza…), ou militant pour la libération d’Aung San Suu Kyi.

L’histoire de la genèse du sac « Birkin » est désormais célèbre : dans l’avion, assise sans le savoir aux côtés de Jean-Louis Dumas, président de la maison Hermès, l’actrice et chanteuse vide le panier en osier qui lui sert de sac à main en se plaignant qu’il n’existe pas de modèle aussi grand chez Hermès. Cette rencontre fortuite donnera naissance, en 1984, au premier modèle « Birkin ». Aujourd’hui encore, plus de quarante ans après sa création, cet accessoire incontournable reste le plus prisé par les collectionneurs et les amateurs de mode du monde entier. Jane Birkin, elle-même, raconte Gabrielle Crawford dans sa biographie, était « fascinée par le travail de précision et les compétences nécessaires à la fabrication du précieux accessoire » lorsqu’elle visitait les ateliers de création Hermès. Toutefois, ce sac unique ne représente pas seulement le modèle iconique créé pour répondre aux besoins d’une mère de famille voyageuse qui lui a donné son nom, mais également l’histoire d’une amitié de près de soixante ans.
Le même jour : le tapuscrit de Je t’aime moi non plus passe aussi sous le marteau

Appartenant également à Gabrielle Crawford, le tapuscrit original en anglais du film culte Je t’aime moi non plus, annoté par Serge Gainsbourg et Jane Birkin, sera également mis en vente au profit de la future fondation (estimation : 15 000 – 18 000 €). Ce film réalisé par Serge Gainsbourg, sorti en 1976 et classé comme drame romantique, dont les interprètes principaux sont Jane Birkin (Johnny) et Joe Dallesandro (Krassky), avait suscité la controverse à sa sortie par les thèmes abordés. Devenu « culte » aujourd’hui, il symbolise le témoignage artistique de l’un des couples les plus mythiques de la seconde moitié du XXᵉ siècle.
Le tapuscrit original, également vendu au profit de la fondation, est un document de travail exceptionnel. Il révèle comment le réalisateur exprime à travers le cinéma la complexité de sa relation amoureuse et la complicité unique avec son interprète principale : un va-et-vient constant entre attraction et répulsion, fusion et séparation. Les annotations manuscrites de Serge Gainsbourg consistent essentiellement en des corrections de dialogues (ratures, ajouts de mots ou de phrases), toujours en anglais et en lettres capitales. En regard, l’écriture de Jane Birkin apparaît en français, traduisant certains passages, comme par exemple : « Kékseksa ? Ah bon ? Dis donc t’es vachement calé quand même, tu parles d’un job. Tu vas chercher des saloperies pour les mettre ailleurs.» Vente aux enchères Salle 1, le 15 décembre 2025 à 14 heures. Hôtel Drouot 9, rue Drouot, 75009 Paris (www.drouot.com).